CONFUSION TOTALE

PEDRO JUAN GUTIERREZ

« On ne peut pas tout comprendre. Disons que la vie, on ne peut pas à la fois la vivre et l’analyser. Il faut choisir l’un ou l’autre. »

« La mieux, c’est de prendre la réalité, brute, comme elle t’arrive dessus dans la rue. Tu l’attrapes des deux mains et si tu as assez de force tu la soulèves et tu la laisses tomber sur la page blanche. »

« J’ai toujours cru qu’il était possible de vivre dans l’ordre, l’équilibre, la modération. Tout le monde s’était ligué pour m’enfoncer ça dans la caboche, l’école, les parents, l’Eglise, la presse. Patrie, discipline et liberté. Liberté, égalité, fraternité. La vie est pure, belle, parfaite. Comme dans une revue de décoration intérieure : tout aligné au millimètre, pas un grain de poussière en vue, pas même une minuscule toile d’araignée dans un coin. Mais ensuite, je suis allé voir dehors. Dans la rue. Seul. Et là, toutes ces idées se sont écroulées. Confusion totale. Tout autour de moi, je n’ai aperçu que désordre et déséquilibre. Aucune pièce ne s’emboîtait dans l’autre. Découvrir ça à quinze ans, c’est flippant. Folie, panique, chaos et vertige. »

« C’est peut-être ce qui m’a sauvé : les cuites, les femmes, faire sortir la rage, tout envoyer bouler, ne rien attendre de personne. Et écrire. Ivre, aux aurores, j’écrivais des nouvelles sur tout ce qui m’arrivait. C’était très amusant. Et j’ai continué. Et j’en suis là. »

« C’est que le sexe n’est pas fait pour les scrupules. C’est un échange de liquides, de fluides, de salive, d’haleine, d’odeurs fortes, d’urine, de sperme, de merde, de sueur, de microbes, de bactéries. Ou sinon, ça n’existe pas. Si ça se limite à la tendresse et aux sentiments éthérés, alors ce n’est plus qu’une parodie stérile de ce qui aurait pu être. C’est-à-dire rien. »

PEDRO JUAN GUTIERREZTrilogie Sale de la Havane & Nid de Serpent

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